Etudes et suivis du Dauphin de Guyane

Observations

Observation depuis l’Ile du Grand-Connétable (Crédits : RNNC)L’équipe de la Réserve assure de nombreuses heures d’observation de la faune marine depuis l’île du Grand-Connétable, notamment du Dauphin de Guyane (Sotalia guianensis). A chaque mission, une surveillance de 30 minutes est réalisée aux quatre points cardinaux de l’île (lorsqu’ils sont accessibles et non occupés par les oiseaux en reproduction). L’observateur suit un protocole et relève les conditions météorologiques, de mer et note toutes les observations réalisées (espèce, nombre d’individus, présence de jeunes, activité…). Ce travail est standardisé et permet de noter la présence ou l’absence de dauphins et d’évaluer l’hypothèse d’un effet de la saisonnalité sur l’espèce. A ce jour, les observations sont plus fréquentes entre le mois de juin et décembre ; un constat pouvant cependant être lié à une meilleure détection des animaux en saison sèche.

Photo-identification

Exemple d'un dauphin facilement identifiable grâce à sa nageoire dorsale bien marquée (Crédits : K. Pineau)La photo-identification est une méthode couramment utilisée pour étudier les mammifères marins. Celle-ci permet entre autres d’estimer l’abondance d’une espèce, d’évaluer les tendances démographiques d’une population, la structuration sociale des groupes, leurs déplacements et leur fidélité à certains sites. Elle consiste à identifier à partir de photos les marques présentes sur le corps des animaux, notamment sur les nageoires dorsales et caudales. Ces marques, uniques chez les individus, se présentent sous la forme d’encoches, griffures, cicatrices réalisées lors d’interactions sociales (jeux, rivalité entre mâles, reproduction) ou par d’autres espèces. Les animaux peuvent aussi présenter des dépigmentations de la peau dues à des champignons par exemple. 
Depuis 2014, la Réserve utilise la photo-identification sur le Dauphin de Guyane. Une multitude de photos ont déjà été archivées dans un catalogue qui comprend pour l’instant une trentaine d’individus différents. Chaque nouvelle photo est ensuite comparée à celles existantes afin d’identifier les animaux. C’est un travail fastidieux, mais qui commence à porter ses fruits. En effet, une première correspondance entre deux photos a été réalisée ! Un animal, observé le 8 novembre 2014 près de l’Ilet Le Père, a été photographié une seconde fois le 18 juillet 2015 par un adhérent du GEPOG dans l’estuaire du Mahury. Ce dauphin semble appartenir à un groupe d’une petite dizaine d’individus.

Acoustique

Mise à l’eau de l’hydrophone (Crédits : RNNC)Le Dauphin de Guyane est une espèce discrète, farouche et évoluant dans un environnement peu accessible. Le recours aux méthodes de détection acoustique en complément des observations visuelles est donc particulièrement intéressant. Le suivi acoustique est une technique complémentaire fréquemment utilisée sur les mammifères marins pour détecter leur présence, étudier leurs comportements et leurs habitats lorsque les conditions d’observation sont difficiles ou que les espèces sont peu détectables. Tous les cétacés produisent des sons relativement stéréotypés permettant de les identifier dans un enregistrement de bruit ambiant marin. Les dauphins étant les plus bruyants des cétacés, ils produisent une variété d’émissions sonores réparties dans une très large bande de fréquences, entre 10 Hertz et 150 KiloHertz environ. Pour information, seule la partie inférieure de ce spectre (en-deçà de 18 kHz) est audible pour l’être humain. Les sons produits sont très variés et peuvent être de type impulsif tel que les clics, pour se repérer et s’orienter, ou de type continu comme les sifflements, plus aigus et généralement utilisés pour communiquer et se reconnaître.
Le Dauphin de Guyane possède un répertoire vocal essentiellement composés de clics et de sifflements qu’il utilise au cours de diverses activités et interactions sociales (déplacement, reproduction, chasse…). Les études menées sur le sujet au Brésil ont montré que les émissions pouvaient varier en fonction des populations et des secteurs (durée des sifflements et gamme de fréquences variables entre le Nord et le Sud du Brésil).
Afin de poursuivre nos efforts communs et de mieux comprendre cette espèce, la Réserve utilise un hydrophone omnidirectionnel qui, lorsqu’il est immergé, permet d’enregistrer les sons émis par de nombreux organismes marins dont le Dauphin de Guyane (dans un rayon de plusieurs centaines de mètres). Dès la première utilisation de ce matériel en 2014, les résultats ont été très positifs. Des clics et sifflements ont été enregistrés à plusieurs reprises d’individus en déplacement et en alimentation. Le recours aux méthodes acoustiques se révèle donc très efficace pour le suivi d’animaux discrets et évoluant dans un environnement marin peu accessible et turbide. Nous poursuivons donc nos efforts en vue de comparer nos résultats avec ceux obtenus au Brésil, mais aussi d’envisager le déploiement d’hydrophones fixes qui enregistreraient en continu et de manière autonome le milieu marin.

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